La Vache sur tous les fronts
Anthologie critique et humoristique de Simon Ayrinhac,
Etudiant en maîtrise de physique à l’UM2.
1.
L’épopée de la Vache.
A.
Où
l’on découvre que la vache est à l’origine de la voie lactée.
Oui, je sais,
c’est un peu chiant à lire, mais bon, pour une fois qu’on peut apprendre des
trucs, pourquoi s’en priver ? Ce texte donc est l’adaptation libre des
chants des anciens scandinaves. C’est juste un extrait : mon vrai texte
complet comporte 18 paragraphes et raconte le monde mythique des vikings. Il
m’a paru intéressant car il comporte une vache
5.
La rencontre
des feux
Et des Elivagar,
Les flots tempétueux
Charriant des blocs hagards,
Dégoutte dans le vide
L’eau jaillit forcenée ;
Ymir géant livide
Dans la puissance est née.
6.
Il est si
vaste, énorme,
Qu’il remplit l’univers.
Sa pensée est sa forme
Et il rumine en vers.
Alors seul il dormait.
Il fait chaud, il transpire.
Sous ses bras sont formés
Les races de l’empire.
7.
Sa sœur est
une vache,
On l’appelle Audumla.
A son frère elle crache
Le lait de l’au-delà.
Elle léchait le gel
Sur les rocs rimitifs ;
Naquit un éternel
De langues et de récifs.
8.
C’était l’homme
Buri.
Il eut un fils Burr, seul.
Bestla l’eut pour mari
Belthorn était son père.
Burr fit trois beaux enfants :
Odin, Vili et Vé.
Odin fut le plus grand
Et le plus renommé.
B.
Où
l’on apprend qu’il y eut une vache à Roncevaux.
Roland est seul dans le col
Ou les Maures bien plus forts
Rôdent. Etendu sur le sol,
Il attend les renforts.
Il saigne, il a mal,
Il serre son épée ébréchée
Qu’on nomme Durandal
Et qui aime le sang Frais.
Autour de lui les ombres s’accumulent
Et sur les Pyrénées le soir vient
Tandis que l’armée recule
Pour aider ses cousins.
Il sent une présence
Dans ces monts ténébreux
Une lumière danse
Au fond des yeux.
Etait ce la mort
Qui vient le cueillir,
Ou un sinistre Maure
Qui vient l’assaillir ?
Il ne sait pas. Il s’étend
Sur le Bleu gazon frais
Il ne pense plus, il attend
Que vienne la destinée.
Tout à coup dans sa main
Il sent de la chaleur,
C’est une sensation
Qui lui soulève le cœur.
La faiblesse l’attache
Au sol caillouteux.
Il distingue une vache
Quand il lève les yeux.
Présage du futur,
Oracle des demains
Qui chantent dans l’azur,
Il lève les deux mains
Et crie au ciel qui l’écoute
Dans un dernier soupir :
« Les Maures sont en déroute !
Cet animal les a vu fuir ! »
2.
La Vache cinéphile
Il faut parler
de ce monument du septième art qu’est La vache et le prisonnier, avec le
regretté acteur comique et dramatique Fernandel. Je résume l’intrigue :
une vache lassée de l’herbe allemande (incessamment piétinée par les pieds
bottés des soldats et les pieds mal chaussés des travailleurs agricoles) décide
d’aller voir en France si l’herbe est plus verte. Elle entraîne avec elle un
prisonnier français, joué par Fernandel, car on n’a jamais vu de mémoire d’homme
(ni de vache d’ailleurs) un bovin parcourir seul les routes avec détermination.
3.
La Vache fabule.
Mon histoire au départ
A une vache et un guépard,
Mon histoire à la fin
N’a plus que le félin.
La morale de cette fable
Tient sur un grain de sable
De deux animaux
Ce n’est pas le plus costaud
Qui survit, mais le carnivore.
Vous en doutiez encore ?
4.
La Vache commerciale.
Il y a cette Vache Qui Rit,
vache laitière autant que fraîchement fromagère, rouge et rieuse. Les français
voulaient parodier la Walkyrie des allemands (voir le film Apocalypse Now
de FF Coppola), ils ont fait la Vache Qui Rit. Pourquoi pas ?
5.
La Vache vidéoludique.
On croyait la vache inadaptée
aux changements de technologie, et bien pas du tout ! Elle montre des
talents de mimétisme et de transfiguration inouïs qui lui permettent d’aller
partout ! C’est ainsi que dans le jeu vidéo Earthworm Jim 2 sur Super
Nintendo, notre héros, qui est un ver de terre incrusté dans le col d’une
combinaison de combat humanoïde (c’est curieux, mais bon, il vaut mieux parfois
ne pas trop se poser de questions sur la santé mentale des programmeurs !)
doit sauver l’univers et libérer une vache des griffes d’un odieux vilain plein
de poils.
Les joueurs assidus(dont
moi) pourront constater à la toute fin que le méchant était en fait une vache
déguisée, comme notre héros et comme notre vache (qui était elle aussi déguisée
en vache… suivez un peu les gars !)
Tout ça me fait penser à ce
jeu sur PC, Fallout 2, qui raconte la survie de l’humanité après une
guerre atomique et où l’on rencontre des brahmines, c’est à dire des vaches à
deux têtes.
6.
La Vache politique.
Le salon de l’agriculture
est comme chaque année le théâtre de relations sensuelles entre les hommes
politiques et les vaches qui représentent un électorat très exigeant (et qu’il
vaut mieux avoir dans la poche pour gagner des élections). Chirac tâtant le cul
des vaches en est la preuve !
7.
La Vache Scientifique.
Sans parler de smillions d’années
d’évolution que cet animal aussi paisible et inoffensif que la vache
représente, il faut parler du maneton du bovin :
Co(W) =
meÜö
Ne me demandez
pas ce que ça représente, je n’en au aucune idée…
8.
La Vache religieuse.
En Inde, la vache est vénérée comme une
reine. Elle n’a même pas besoin de traverser au passage clouté…
9.
La Vache romantique.
Ô Vache mon amour, lumière de mes jours,
Silencieux bonheur qui habite nos
prairies,
Gloire des campagnes et joyau de nos
mairies,
Ange des villes et espoir des noires
tours,
Je te déclare ma flamme ; ainsi qu’à
la nature :
Te berçant chaudement dans on sein
vigoureux
Quand tu étais enfant (et les temps
rigoureux
N’étaient plus grâce à elle qu’une belle
aventure)
Elle t’inspira la paix et t’insuffla le
beau
Créant autour de toi les conditions utiles :
Le vert, le ciel, les lacs. Beauté parmi
mille,
Vache j’aime ton œil et j’aime ton naseau.
10.
La Vache Philosophe.
Je ne sais plus quel
philosophe a dit, lors de la dernière émission de Bouillon de culture
sur France 2, émission du dénommé dictateur (gars qui fait la dictée) et
présentateur Pivot, une phrase d’une profondeur et d’une acuité extrêmes, soit
ceci (en gros) :
-« rendez vous compte que nous sommes
au XXIe siècle, et nous ne savons toujours pas ce que pense la vache ! »
C’est en effet très juste.
Que cache ce front tiède et ces naseaux luisants, ces yeux pétillants et cette
frimousse bouclée qu’un ange envierait ? Quel est ce monde magique, de
prairies humides de rosée couvertes d’une herbe fraîche toujours verte, qui
attire l’attention de notre bovin et qui nous le rend si étranger ?
La vache médite, et c’est ce
qui nous trompe. Son silence en dit long, et si elle parlait, elle en dirait
des grosses vérités sur la nature humaines.
Cette
anthologie est dédiée à Jérémie, qui tente tant bien que mal d’animer le FLIVO
et de faire progresser la cause de la Vache avec un grand V.